Créer une pâtisserie n’est plus l’objectif numéro un des jeunes et moins jeunes pâtissiers de notre pays. Sans tomber dans la mélancolie du « n’importe quel moment du passé était meilleur », il semble clair qu’il y a trois ou quatre décennies, il y avait une plus grande prédisposition à se lancer dans l’aventure incertaine mais excitante de posséder sa propre entreprise. Bon nombre des boulangeries qui existent aujourd’hui ont vu le jour il y a plus de 30 ans.
Il n’est pas facile de deviner les raisons de ce manque d’entrepreneurs. Il se peut que l’effort économique requis aujourd’hui soit beaucoup plus important. Il se peut que les chances de succès d’un nouveau magasin soient plus faibles. Mais il se peut aussi que la capacité à prendre des risques et la nécessité de gagner sa vie aient également changé.
Quoi qu’il en soit, ce qui est certain, c’est qu’il existe une légion de pâtissiers sans pâtisserie, mieux formés que jamais dans l’histoire et qui finissent dans la plupart des cas par travailler dans des hôtels et des restaurants, quand ils n’émigrent pas dans d’autres pays. Et seule une petite partie de ces talents finit par se reconvertir en entreprises de pâtisserie artisanale, peut-être en raison de la rareté des nouvelles ouvertures évoquée plus haut.
Sans sous-estimer les nombreuses difficultés liées à la création d’un nouvel établissement, notre optimisme nous amène à souligner quelques petits avantages aujourd’hui par rapport au passé. Tout d’abord, le consommateur est mieux formé en tant que consommateur et donc plus à même d’apprécier un produit de haute qualité tel que celui qui sort d’une boulangerie artisanale, ou devrait. Deuxièmement, les possibilités d’autopromotion à un coût très faible sont désormais presque infinies grâce aux réseaux sociaux et à l’internet, et un nombre illimité de clients potentiels peut être atteint. Et troisièmement, les confiseurs ont aujourd’hui accès à plus d’informations que jamais pour gérer leur entreprise avec plus de garanties, et disposent de meilleurs moyens pour organiser leur production de manière plus rationnelle. Par conséquent, avec moins, on peut obtenir beaucoup plus.
Bref, personne n’a dit que ce serait facile, mais d’autres y sont parvenus et aujourd’hui ils sont déjà des pâtissiers reconnus avec une pâtisserie.
Editorial de Dulcypas #451 [consultez le résumé ].